mercredi 30 septembre 2009

Cadeau d’anniversaire pour les abonnés de China Mobile





Cadeau surprise pour les 500 millions abonnés de China Mobile, compagnie géante de télécommunications chinoise, à l’occasion du 60 anniversaire de la République populaire de Chine: sans préavis, la compagnie a remplacé le ringtone ordinaire sur tous les cellulaires par la chanson patriotique “Mon pays bien aimé,” nouvelle toune de…Jackie Chan.

À prévoir l’été prochain: Fido, Céline Dion, et “Ô Canada.” Vive le modèle chinois.

David Ownby à Montréal

mardi 29 septembre 2009

Un 60ème anniversaire pas si réjouissant finalement




Un 60ème anniversaire pas si réjouissant finalement: la crise de la soixantaine?

On parle beaucoup des festivités entourant le 60ème anniversaire de la Chine ces jours-ci. À Hong Kong, mes amis discutent du restaurant avec la meilleure vue pour assister aux feux d'artifice, de la meilleure fête de fin de soirée pour célébrer, etc. Le 60ème anniversaire ne semble qu'être une autre de ces belles occasions pour célébrer pour des gens de tous acabits, de toute provenance.

Cependant, un anniversaire ne se résume jamais uniquement à une célébration. Plus souvent qu'autrement, il amorce une période de constat et d'autocritique.

Dans l’édition de cette semaine du Time Magazine (5 octobre 2009) (lire l'article complet), l’architecte chinois Ai Weiwei signe un pamphlet bien senti sur l'état de la Chine actuelle. Ai Weiwei est l’un des personnages publics chinois les plus intéressants, colorés mais aussi courageux de la Chine d'aujourd'hui. Il combine une carrière internationale remarquable dans le milieu des arts à une bataille publique acharnée contre les excès du gouvernement chinois. Son arme de choix: l'internet.

samedi 19 septembre 2009

Célébration socialiste Sino-Nord-coréenne à Chengdu



Le nucléaire est mis à l’écart pour faire place à la culture

Il fut un temps où seul le divertissement à forte teneur patriotique était permis en Chine. À cette époque, "La petite vendeuse de fleurs" (卖花姑娘) , opéra nord-coréen, plus tard adapté en film, faisait fureur au sein de l’empire du milieu. Côté récréation, 30 ans après les réformes économiques mises de l’avant par Deng Xiaoping, la situation est méconnaissable. Aujourd’hui, l’art nord-coréen a presque totalement disparu en Chine. Lorsque que la nouvelle de la venue de l’Orchestre Cinématographique Nationale Nord-Coréen vint à nous à Kunming, les 24 heures de train qui nous séparaient de Chengdu n’arrivèrent pas à calmer notre enthousiasme. Dans 50 ans d’existence, l’orchestre n’avait jamais quitté sa terre natale. La Chine semblait tout désignée pour célébrer ce baptême international. Pour la modique somme de 62 dollars canadiens, d’excellentes places au parterre nous attendaient pour ce moment qui promettait d’être pour le moins… bouleversant.

vendredi 18 septembre 2009

Comment devenir un universitaire tout-puissant dans la Chine post-Tiananmen: l’exemple du parcours de Wang Hui ou les cinq clés du succès



Un parcours sans faute au sein du système universitaire chinois, des séjours prolongés dans les institutions phares des États-Unis, une masse touffue de publications en anglais et en chinois, un rôle actif dans la vie intellectuelle chinoise ainsi qu’une plume qui ne laisse personne indifférent sauf les censeurs du parti communiste sont les clés du succès pour l’universitaire chinois d’aujourd’hui. Avis aux intéressés.


Wang Hui (汪晖), professeur de littérature chinoise de l’université Tsinghua, s’intéresse aux différentes narrations de la modernité proposées par des penseurs chinois depuis la dynastie Song. Vous me suivez? Son auditoire cible se compose de jeunes étudiants férus de philosophie et de théoriciens occidentaux carburant aux nouvelles manifestations de la postmodernité. Pour la plupart des Chinois, Wang Hui n’est donc qu’un autre de ces illustres inconnus, un intellectuel à l’ego fort mais sans grande utilité.

Paradoxalement, l’universitaire jouit d’une réputation enviable au sein de la communauté universitaire internationale. Selon la revue Foreign Policy, Wang fait partie des 100 intellectuels publics les plus influents du monde en 2008. Pour donner un petit aperçu de la liste, Wang Hui y côtoie le philosophe montréalais Charles Taylor, l’écrivain à succès Malcom Gladwell qui vient de publier The Outliers et le chef du parti libéral du Canada, Michael Ignatieff. Du côté chinois, certains reconnaitront l’économiste Fan Gang et l’éditrice du très pertinent magazine d’affaires publiques Caijing Hu Shuli.

Certes, Wang Hui n’a pas de talk-show à la Oprah et fait très peu dans la vulgarisation. Il ne lie sa voix avec aucune victime de la dureté du régime (Hu Jia, Liu Xiaobo…). Bref, Wang ne fait ni dans le populaire, ni dans la dissidence. Il est avant tout un universitaire de première classe publiant incessamment sur une variété de sujets allant du scientisme à la problématique de l’indépendance tibétaine, de la philosophie de Kang Youwei aux conditions de simples ouvriers, le tout en se référant a des modèles théoriques complexes empruntées aux courants les plus progressifs de littérature comparée.

La thèse que je soutiens ici est que la construction de l’influence universitaire en Chine est de plus en plus basée sur un système de méritocratie à l’Occidental. En tout état de cause, Wang Hui est un bon exemple d’un nouveau type d’intellectuel qui a émergé dans la Chine d’après 1978. Professionnellement consacré par son poste à Tsinghua et ses nombreuses reconnaissances nationales et internationales, Wang Hui a le parcours typé de l’universitaire convoité par les institutions universitaires chinoises :1) une formation partielle en Occident, préférablement aux États-Unis; 2) un rayonnement à l’étranger; tout en maintenant; 3) un rôle actif sur la scène intellectuelle en Chine continentale; 4) une ligne de pensée qui tout en demeurant critique de la situation présente, ne chamboule pas trop le parti et ne l’attaque pas de front; 5) une capacité à créer la polémique au sein de la communauté intellectuelle chinoise.

lundi 14 septembre 2009

Le modèle chinois…nouvelle importation américaine





Le modèle politique chinois a été régulièrement évoqué par les médias cet été dans le contexte des élections iraniennes, à la fois en tant que régime autoritaire prêt à intervenir pour museler les revendications démocratiques d’une partie de sa population, mais aussi en tant qu’exemple positif de régime mûr et stable—si toujours autoritaire. Rien de surprenant alors à ce que les médias soulignent l’existence de possibles parallèles entre les élections en Iran et les événements de Tiananmen dont c’était le vingtième anniversaire cet été. Par contre, l’idée que la Chine actuelle serait un modèle que les autorités iraniennes devraient suivre a de quoi faire réfléchir.


Suivez le Guide – Tianjin (ou ne le suivez pas)




Lorsqu’on découvre la Chine, voire qu’on y voyage pour la première fois, on est frappé par l’immensité de ce pays (bien que derrière le Canada en terme de superficie, élément factuel toujours sympathique à lancer à un Chinois qui mentionne entre chaque bouchée de riz les 5 000 ans de sa civilisation!). Une question s’impose alors rapidement à l’esprit du voyageur : sans déménager en Chine, aurais-je assez d’une vie pour venir à bout de cette richesse, du festival hivernal de Harbin aux steppes mongoles, de l’ancienne île britannique de Hong Kong au « paradis terrestre » de Hangzhou? Incontestablement, des choix s’imposent.

La technique la plus efficace si un routard veut avoir vers la fin de sa vie le sentiment du devoir accompli est celle de la « black list ». Une liste des lieux à ne pas visiter. Si ce n’est pas déjà fait, je prends la liberté de vous conseiller un premier endroit à noter sur cette liste : Tianjin.

mercredi 9 septembre 2009

Tels des fantômes affamés dans le nouveau Chinatown

Dès les premiers jours de la belle saison, accompagné d’amis sinophiles et gourmands, je me proposais d’assouvir une foudroyante envie de manger chinois en explorant le « nouveau Chinatown » de Montréal. Le plan d’action était fort simple : goûter un maximum de plats dans un maximum de restaurants en un après-midi!

Gonflés à bloc par l’article de Cedric Sam (du blogue Comme les Chinois) décrivant les merveilles culinaires des rues jouxtant la Ste-Catherine entre Bishop et Atwater, armés d’une carte marquant d’un « X » chaque resto ou épicerie comme autant de trésors à découvrir, nous étions résolus à donner la chance à autant de candidats de devenir notre nouveau restaurant chinois préféré à Montréal.

À la différence du Chinatown officiel, fermement empreint des vagues migratoires antérieures en provenance de Hong Kong, de Taiwan, du Vietnam du Sud, du Laos et du Cambodge*, le « nouveau Chinatown » est le lieu d’une forte immigration venant de Chine continentale, généralement de langue mandarine. Bref, un endroit tout indiqué pour satisfaire nos palais habitués à la cuisine du Nord.


Et nous ne fûmes pas déçus! Dès la première escale, dumpling frais, nouilles faites main et 肉加莫(ròujiāmò) nous ont retenu à table pendant près de deux heures, menaçant sérieusement de saborder notre plan d'en goûter plus… La témérité de notre joyeuse équipée et surtout le désir de mettre la main sur quelques brochettes 串儿 (chuānr) ont toutefois vite fait de nous envoyer en direction d’une seconde tablée qui porta un coup délicieusement fatal à ce qui subsistait de notre appétit.

Rassasiés de corps et d'esprit, ayant réprimé un instant la nostalgie de nos épopées culinaires de jadis en Chine, le reste de l'après-midi fut consommé à visiter les petites épiceries du coin et prendre connaissance des menus d'autres restos que nous hanterons dans nos visites futures...

Mais je n'en révèlerai pas plus ici et laisse aux gourmands le plaisir de la découverte. Imprimez donc la carte du quartier et dites-vous que pour manger chinois sur l’île, vaut mieux passer à l’ouest!

Simon Hobeila à Montréal

*Sur l'histoire des Chinois à Montréal et du Chinatown, voir Denise Helly, Les Chinois à Montréal, 1877-1951, Institut québécois de recherche sur la culture, 1987, 315 p.