jeudi 22 octobre 2009

L’Organisation de Coopération de Shanghai se réunit à Pékin


Une analyse de Charles Hudon

Le 14 octobre dernier, avait lieu à Pékin une réunion du Conseil des chefs de gouvernements des États membres de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Les questions qui y furent discutées vinrent rappeler que, sous des apparences d’harmonie complète, des divergences profondes divisent encore la Chine et la Russie sur des thèmes cruciaux qui empêchent l’organisation d’atteindre sa pleine maturité.

jeudi 15 octobre 2009

À la recherche de la modernité chinoise


Une analyse de Valérie Nichols

Le but de cette entrée

Durant les années 1990, Wang Hui a entrepris un projet intellectuel de grande ampleur soit la description de l’évolution de la pensée sur la modernité en parcourant l’histoire des idées chinoises de la dynastie Song (960-1269) à la chute du régime impérial en 1911.

Plus de dix ans de labeur ont résulté en la publication de six tomes sur la pensée moderne chinoise, ainsi qu’un livre à paraître le 16 novembre 2009 en version anglaise sous le titre The End of the Revolution : China and the Limits of Modernity.

vendredi 9 octobre 2009

Ce que les affrontements dans le Nord nous révèlent à propos des relations Chine-Birmanie


Une analyse de Charles Hudon

Le mois dernier, un conflit armé éclatait au Nord de la Birmanie. Prenant le gouvernement chinois par surprise, qui n’avait vraisemblablement pas été prévenu, environ 30 000 réfugiés traversent la frontière pour trouver refuge dans le Yunnan voisin. Quelques semaines plus tard, la quasi-totalité des réfugiés quittèrent la Chine pour retrouver leur domicile. Pour ce qui est des détails, Rangoon, tout comme Pékin, restent on ne peut plus discrets. Depuis lors, aucune nouvelle. Blocage journalistique tant en Chine qu’en Birmanie. Les articles relatifs à la Birmanie sur les Blogues en Chine disparaissent de la mémoire internet.

Après un règne ininterrompu de près de 50 ans, la junte militaire birmane n’a pas encore réussi à asseoir son pouvoir sur la totalité de son territoire. Dans les zones frontalières, plus d’une dizaine de groupes rebelles évoluent toujours en parallèle du gouvernement central. La plupart de ces groupes se situent dans les provinces du Kachin et du Shan. La genèse de ce conflit remonte aux premières heures de l’indépendance birmane. Souvent financés et soutenus par des pouvoirs étrangers, principalement la Chine et la Thaïlande, ces groupes sont parvenus à tenir tête au gouvernement central jusqu’à aujourd’hui.

Le plus important de ces groupes, l’Armée d’État de la Minorité Wa, compte sur une force armée de plus de 20 000 soldats. Après une vingtaine d’années de calme, le 31 août dernier, la Junte rompt le statut quo et s’en prend militairement à la minorité autonomiste d’origine chinoise Kokang. En moins d’une semaine, la résistance est étouffée. En Chine, le geste est perçu comme un acte de provocation. Ignorant les appels répétés du ministre des affaires extérieures chinois pressant la Junte de préserver la stabilité ainsi que l’intégrité des citoyens chinois vivant dans les zones frontalières, l’armée birmane ne cesse de déployer des troupes en prévision de ce qui semble être une attaque prochaine contre l’ethnie Wa. Ces événements révèlent une certaine autonomie de la Junte face à Pékin, autonomie dont plusieurs croyaient la Birmanie incapable.


Besoin d'un allié puissant


Instable tant politiquement que socialement, pris entre les intérêts géopolitiques de l’Inde et de la Chine, isolée internationalement, la Junte ne peut difficilement survivre sans s’allier à une puissance voisine. Jusqu’à tout récemment, tout semblait indiquer que la Birmanie avait choisi la Chine pour lui servir de parrain à l’échelle internationale. En effet, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que les contacts entre les voisins furent rompus, sous Ne Win, en 1962. Depuis la normalisation de leurs relations en 1988, la Chine se présente aujourd’hui comme l'un des plus importants acteurs au cœur des affaires internes et externes birmanes. Parfois, les plus cyniques vont même jusqu’à la décrire comme une colonie économique et militaire de l’empire du milieu. Dans de telles circonstances, il apparaît pour le moins surprenant de voir les rappels à l’ordre formulés par la Chine ignorés par la junte. Cet événement nous offre l’opportunité de poser un second regard sur les relations qu’entretiennent la Chine et la Birmanie.

jeudi 8 octobre 2009

L’herbe n’est pas toujours plus verte à Pékin


Du 21 au 24 février 2001, Pékin recevait la visite officielle des membres de la commission d'évaluation du Comité international olympique (CIO) afin d’apprécier la candidature de la ville aux Jeux Olympiques de 2008.

Elle s’était faite belle pour l’occasion, malgré une fin d’hiver prise de smog et une température froide. J’ai encore en tête les clips télé montrant les travailleurs d’entretien de la ville affairés à balayer les rues et surtout, à peinturer à l’aérosol la pelouse de la ville pour lui donner un bel éclat vert. Peu importe les saisons, peu importe les éléments, la pelouse sera verte pour la visite du CIO!

Les reporters et autres commentateurs étrangers n’avaient pas manqué de soulever ce point. Le traitement était tantôt cocasse (de style, « Ils sont fous ces Chinois !»), tantôt hargneux. Certains n’avaient pas hésité non plus à en faire une métaphore de la gestion que faisait le gouvernement de la situation des droits de l’homme et autres choses qu’il tentait de soi-disant cacher au CIO.

Bref, un traitement médiatique classique en son genre.

Pendant ce temps, plusieurs années plus tôt...
Il y a de cela quelques semaines, je regardais Tout le monde en parlait à Radio-Canada, cette émission qui plonge dans les archives de la société d’état pour nous faire revivre des événements marquants de l’histoire du Québec. L’épisode en question portait sur l’Exposition universelle de 1967 tenue à Montréal. Et on y rapportait un fait plutôt cocasse, corroboré par le Centre d'histoire de Montréal.

L’Expo de Montréal a été inauguré en avril. Vous qui connaissez nos fraîches températures printanières et qui savez la verdure plus que timide en ce temps de l’année, vous devinez ce qu’on a fait? Je vous le donne en mille :
« La tourbe de la Place des Nations, lieu des cérémonies d'ouverture, n'avait pas eu le temps de verdir en ce mois d'avril un peu frisquet de 1967. C'est alors que le jeune horticulteur en chef, Pierre Bourque, eut l'idée de peindre la pelouse d'un beau vert printanier pour les cérémonies d'ouverture! »*
Quand on sait l’amour de Pierre Bourque pour la Chine et les bonnes relations qu’il y a entretenues plus tard à titre de maire de la ville (de 1994 à 2001), c’est à se demander s’il n’a pas personnellement révélé son truc aux Chinois!


Simon Hobeila à Montréal

*Cette citation est tirée de cette page du Centre d’histoire de Montréal sur l’Expo 67. On y apprend entre autres que plusieurs tonnes de DDT ont été répandues dans le St-Laurent pour combattre la prolifération des « mannes » et que la Ville créa l'Office de l'Embellissement de Montréal pour cacher ses taudis. Comme quoi les Olympiques, plus ça change, plus c'est pareil.

jeudi 1 octobre 2009

"À 60 ans, mon oreille se pacifia"

Dans Les Entretiens de Confucius, on trouve les réflexions autobiographiques suivantes du sage:

“A quinze ans, ma volonté s'appliquait à l'étude, à trente ans je m’étais affirmé, à quarante ans délivré du doute, à cinquante je connaissais le décret du Ciel, à soixante, mon oreille se pacifia et à soixante-dix ans, suivant les désirs de mon cœur, je n'enfreignais plus aucune règle”.

Le maître évoque dans ces propos un projet personnel de perfectionnement intellectuel et surtout moral, sensé se poursuivre tout au long de la vie d’un homme. Le parcours d’une nation est tout autre. Ceci étant, il n’est pas sans intérêt, à l’occasion du 60e anniversaire de la République Populaire de Chine, de réfléchir sur l’histoire du régime à la lumière des jalons posés par Confucius. Peut-on dire qu’à 60 ans, la RPC a « l’oreille pacifiée, » en d’autres mots qu’elle est sûre du chemin qu’elle a pris au point de ne plus avoir à « écouter » ailleurs?