jeudi 11 juin 2009

Alerte sur nez coulants: autopsie d'une pandémie annoncée


La nouvelle vient de tomber!
Douze nouveaux cas de grippe H1N1 ont été découverts au très élitiste St-Paul's Convent de l'île d'Hong Kong cette semaine. Premières victimes indigènes de la maladie--- aucun des malades n'a quitté Hong Kong dans les dernières semaines, elles s'ajoutent à la cinquantaine de cas déjà répertoriés sur le territoire. Click here for English.

Aujourd’hui, 11 juin 2009, l'Organisation mondiale de la Santé a élevé à 6 le niveau de gravité de la pandémie. Puis, en début d’après-midi, les autorités hongkongaises ont annoncé par voie de communiqué la fermeture en masse de toutes les institutions scolaires primaires de l’archipel. Ce sont plus de 500 000 élèves qui sont touchées par cette mesure. On peut lire un article très complet à ce sujet ici

Pour les 2 prochaines semaines, les salles de cinéma d’Hong Kong seront bondées du lundi au vendredi. Les patinoires, autrement vides en semaine, seront envahies par de petits patineurs débutants. Les plages de la ville deviendront bruyantes.

Pour les 2 prochaines semaines, des dizaines de milliers d’écoliers de toutes les écoles primaires d’Hong Kong seront privés d’école (sic). Action, réaction!

Qu’en disent les parents de la ville? Imaginez, tous les jeunes de moins de 12 ans à la maison deux semaines avant le début des vacances! Quoi faire? Qui va s’en occuper? De pareilles interrogations causeraient une commotion générale chez les parents québécois.

Certes, la situation d’Hong Kong est assez différente. Plus de 10% des familles ont une bonne à la maison. Mais pour les autres? Comment s’organiser avec si peu de préavis? N’était-ce une mesure exagérée qui ne tient pas compte de la situation des parents-travailleurs?


Hong Kong : vivre dans une boîte de sardines

C’est que depuis la crise du SARS de 2004, Hong Kong ne lésine pas en matière de mesures sanitaires. L'archipel qui compte en moyenne 6000 habitants par kilomètre carrée est un lieu de promiscuité incomparable. Un paradis pour virus.

Le port du masque est obligatoire dans la majorité des hôpitaux et les cliniques d’Hong Kong. Les distributrices de désinfectant liquide abondent dans tous les lieux publics et les quartiers résidentiels. Les boutons d'ascenseurs sont stérilisés plusieurs fois par jour. Les frontières du pays sont surveillées par une équipe d'infirmières. La température corporelle des nouveaux visiteurs est scrutée.

Avoir une mauvaise toux à Hong Kong, c'est un suicide social. On sent les reproches des passants. Une vieille dame m'a même déjà forcé à mettre un masque en me grondant comme un enfant en pleine rue.

C'est dans cet atmosphère un peu paranoïaque que s'inscrit les mesures gouvernementales récentes pour éviter la pandémie.


Lorsque le premier cas de grippe H1N1 fut découvert en avril 2009, le gouvernement n’a pas hésité à mettre en quarantaine un hôtel entier et son personnel pour une période d'une semaine. Les allées et venues du touriste mexicain pendant sa journée à Hong Kong furent scrutés par tous les tabloids de la ville. Au Metropark, le lobby s’est rapidement transformé en scène de télé réalité. De jeunes touristes enfermés réclamaient des discussions téléphoniques avec le public massé à l’extérieur. Vous pouvez les regarder en pleine action ici. Un vrai cirque. Le gouvernement d’Hong Kong avait d’ailleurs été longuement critiqué pour l’imposition de telles mesures considérées d'exagérées par plusieurs.

Puis, durant les mois d’avril et de mai, quelques jeunes étudiants d’Hong Kong rapportaient sur Facebook et sur Twitter leur mise en quarantaine dès leur retour de leur séjour d'étude. Une étampe du Canada ou des États-Unis n’avaient jamais été autant de mauvais augure.

Quand un virus devient le sujet d'un débat patriotique
À lire les blogues chinois ces dernières semaines, réagir avec efficacité à la grippe H1N1 est une question de fierté nationale. Tous les instruments technologiques sont d'ailleurs mis au profit d'une campagne d'information sur la grippe H1N1. Lire ici sur l'usage de Twitter et ici sur l'historique de la pandémie en Chine. Plusieurs Chinois en ont même appelé à leurs ressortissants étudiant ou travaillant en Amérique du Nord de ne pas retourner au pays pour l’été.

En ce sens, Hong Kong donne l’exemple et se sert des leçons apprises au plus haut de la crise du SARS. Du moins, la réaction est extrêmement rapide et tout risque est minimisé.

Comme parent, pourtant, il faudra endurer. 2 semaines, 2 semaines…
Valérie Nichols à Hong Kong (hélas)

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